L’amitié, ce n’est pas toujours tout beau, tout rose. Et quand on est dans une relation toxique, il est parfois difficile de s’en sortir. Encore faut-il la reconnaître. Quand et comment se défaire d’une amitié qui nous empoissonne l’existence ? Un psychanalyste nous éclaire.
Il n’est pas toujours évident de reconnaître une amitié toxique. Aveuglé par notre attachement affectif, difficile d’y voir clair et de se rendre compte que la personne à qui l’on tient est en réalité toxique pour nous. L’avis de notre entourage ou d’une tierce personne est ainsi primordial dans cette situation.
Pour le psychanalyste Saverio Tomasella, nos proches peuvent nous aider à être plus lucides, même si nous avons du mal à les croire au début. Il est important qu’ils insistent jusqu’à ce que nous entendions raison. Néanmoins, il est également possible de le faire sans l’aide de ses proches. Certains signes peuvent nous aider à déceler les amis pervers.
Quelle est la différence entre une amitié toxique et une amitié déséquilibrée ?
Selon le psychanalyste Saverio Tomasella, la plupart des amitiés sont déséquilibrées. Dans plusieurs relations, l’une des deux personnes est toujours plus investie, plus présente, plus à l’écoute et plus généreuse. "En général, il s’agit de déséquilibres acceptés car ils reflètent les différences de personnalité. Ces déséquilibres peuvent évoluer dans le temps ou être compensés par d’autres façons d’exprimer son affection. Ils ne posent donc pas de problème", explique-t-il. En revanche, une relation toxique est une amitié à sens unique. Elle est source de souffrances et est plus grave voire carrément pathologique. "Une amitié est toxique lorsqu’elle se fonde périodiquement ou durablement sur la manipulation, la domination, l’emprise, le vampirisme ou l’utilisation de l’autre", indique le psychanalyste.
Amitié toxique : les signes qui devraient vous alerter
Parfois les relations amicales ne sont pas toujours au beau fixe et c’est tout à fait normal. Mais, dans certains cas, il est préférable de prendre du recul sur la situation. Même si ce n’est pas facile, un effort d’observation est nécessaire car plusieurs signes prouvent que votre ami.e est toxique, d’après Saverio Tomasella.
Les signes alarmants provenant de l’autre :
• Une froideur de fond (ignorance, indifférence)
• Des remarques désagréables
• Des sous-entendus qui visent à nous faire sentir coupables
• Des propos paradoxaux ou dépréciatifs
• Des critiques dévalorisantes en public
• Des remises en question répétées
• Des moqueries ou des humiliations sous couvert de plaisanterie
Les signes alarmants qui proviennent de nous :
• Un malaise grandissant
• Le manque de réponses face aux paroles énigmatiques
• Un sentiment de déprime
Il est également important de se poser des questions sur notre propre comportement envers notre ami.e. Car, non, l’autre n’est pas toujours le fautif. "Nous pouvons nous aussi être toxique pour nos amis, soit en privilégiant répétitivement le chantage affectif, la dramatisation, la culpabilisation. Soit en transposant dans ces relations nos conflits intérieurs, nos schémas relationnels familiaux ou des problèmes anciens qui n’ont rien à voir avec nos relations actuelles. C’est important que nous soyons vigilants, nous aussi", déclare Saverio Tomasella.
Quand et comment s’y prendre pour mettre fin à une amitié toxique ?
Avant de tirer définitivement un trait sur son amitié, il est possible d’échanger avec son ami.e à propos des problèmes rencontrés dans la relation, avec des exemples précis d’un manque de respect ou de diverses formes d’abus. D’après le psychanalyste, un dialogue peut parfois relancer l’amitié sur de meilleures bases. Cependant, dans certaines situations, cette tentative de clarification peut être une source de souffrances, si la personne est complètement indifférente au dialogue. Dans ce cas, il est alors nécessaire de prendre ses distances et mettre fin à cette amitié. "S’il s’agit d’une toxicité découlant d’une dépendance affective étouffante, il vaut alors mieux procéder en douceur, sans brutalité, en donnant le temps à l’autre de se détacher progressivement. Le plus souvent, un éloignement graduel est préférable aux ruptures abruptes", explique Saverio Tomasella. Il recommande également de rester silencieux et de ne pas donner trop d’explications, après avoir exprimé son souhait d’arrêter la relation. Car, cela pourrait relancer une argumentation sans fin et différentes formes de culpabilisation.
Merci à Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur de Ces amitiés qui nous transforment (Eyrolles).
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