Lorsque l'amour revient après une période d'abstinence (qui se compte parfois en années), la perspective de partager à nouveau son intimité avec un partenaire peut être angoissante. « Il est parfaitement normal d'éprouver du stress dans cette situation, reconnaît Caroline Le Roux, sexologue et psychologue. Finalement, c'est un peu comme revivre sa « première fois »... »

Halte aux idées reçues ! « Après une longue période sans sexe, on peut avoir le sentiment de « ne plus savoir comment faire » ou, pire, que le corps n'est plus adapté à l'amour… C'est totalement faux ! », affirme la spécialiste. Car, d'un strict point de vue anatomique, si l'âge (et la ménopause) modifie effectivement les organes génitaux, ça n'entrave en rien la sexualité. « Rien ne se referme, rien ne se détériore et la pénétration reste parfaitement possible », explique la sexologue. Qui ajoute : « Sur le plan psychologique, j'ai tendance à penser que l'amour « c'est comme le vélo », il y a des gestes qui ne s'oublient pas, des réflexes qui ressurgissent facilement et des fantasmes qui ne demandent qu'à revenir. » Même après des années de creux.

Une deuxième « première fois », ça se prépare. « Plusieurs jours ou semaines avant le jour J, il me paraît important de travailler sur sa confiance en soi : en effet, les complexes et les croyances limitantes (je suis vieille, je suis grosse, je ne suis pas désirable...) peuvent constituer des blocages à l'excitation et au plaisir sexuel », explique Caroline Le Roux. Un petit exercice à faire en solo : debout devant un miroir, nue, on prend le temps de s'observer sous toutes les coutures et on fait la liste de ces « petites choses » dont on est fière – des mollets fuselés, un regard de braise, un sourire charmeur, des mains fines... « Certaines femmes regonfleront leur estime de soi en allant chez le coiffeur, en se maquillant ou en investissant dans un ensemble de lingerie. »

Une deuxième « première fois » qui peut être à l'origine d'angoisses

En prévision du grand moment, il peut aussi être bénéfique de renouer avec sa propre sexualité. Et si la masturbation n'est pas au programme, on peut quand même se laisser aller à des caresses (sous la douche, par exemple), ne serait-ce que réinvestir son sens du toucher. « Se masser régulièrement (sans intention sexuelle) peut aussi permettre de réveiller des sensations tactiles endormies », ajoute la sexologue.

Et si on célébrait dignement ce retour à la sexualité ? « Cette nouvelle « première fois » peut faire l'objet d'une soirée particulière avec un bon repas, quelques bougies, une musique d'ambiance et une nouvelle parure de lit », suggère Caroline Le Roux. Pas question néanmoins de s'infliger une quelconque pression. « laissez parler vos envies et ne vous forcez à rien : par exemple, la pénétration n'est pas obligatoire dans un rapport sexuel et si, au dernier moment, vous ne vous sentez pas prête, vous avez tout à fait le droit de dire « non » à votre partenaire... jusqu'à une prochaine fois. »

Un dernier conseil ? « La ménopause s'accompagne parfois d'une sécheresse vaginale, qui peut s'accentuer avec le stress. Avant le jour J, prenez rendez-vous chez votre gynécologue afin qu'il vous prescrive un lubrifiant local (en gel ou en ovules) ou achetez un gel lubrifiant en pharmacie ! »

Merci à Caroline Le Roux, psychologue et sexologue.